Historique

Bien que ce soit à Toronto qu'Ernest Jones choisit de s'établir au début du siècle, en 1908, afin d'entreprendre sa campagne d'institutionnalisation de la psychanalyse en Amérique du Nord, c'est toutefois Montréal qui constitue le lieu d'origine de la psychanalyse au Canada. En effet, pendant son séjour de cinq ans au Canada, Jones se consacra exclusivement à la fondation de sociétés psychanalytiques américaines. Il faudra encore plus de quarante ans avant qu'une première société de psychanalyse ne voit le jour au Canada. Issue du Club psychanalytique de Montréal (1946), la Société canadienne de psychanalyse ne sera officiellement reconnue par l'Association psychanalytique internationale que le 31 juillet 1957.

Vers les années 1968-1969, pour des raisons linguistiques aussi bien que géographiques, il était devenu évident qu'il fallait créer au sein de la Société canadienne des sections réunies sur un modèle fédératif. Du côté francophone, avec l'accroissement du nombre de candidats et l'émergence d'un fort sentiment nationaliste, le programme de formation, offert en anglais seulement, dans une société officiellement bilingue, était devenu anachronique. Du côté de Toronto, avec l'augmentation entre 1959 et 1969 du nombre de psychanalystes, plus rien ne justifiait que les candidats se déplacent hebdomadairement vers Montréal pour faire leur formation. On créa donc pour Montréal une section francophone et une section anglophone nommées respectivement Société psychanalytique de Montréal et « Canadian Psychoanalytic Society/Quebec English »; et on créa pour l'Ontario une troisième section appelée: «Ontario Branch», plus tard nommée: « Toronto Psychoanalytic Society ». Les trois sections de l'Institut furent créées en 1968 et celles de la Société en 1969.

Le 9 octobre 1969 les membres du groupe francophone adoptèrent unanimement le nom de Société psychanalytique de Montréal, mais ce n'est qu'en 1972 que ce nom sera officiellement adopté par la Société canadienne de psychanalyse. Le premier Conseil élu de la SPM tint sa première réunion le 24 novembre 1969. Le Dr Jean-Louis Langlois en était le premier président. Dès cette première réunion, Roger Dufresne mit de l'avant l'idée des séminaires continus, dans la perspective d'une plus grande collaboration entre la Société et l'Institut. On adopta également, idée chère à André Lussier, le principe d'un colloque scientifique annuel du printemps. C'est surtout autour des questions de formation des candidats que la SPM allait se démarquer des deux autres sections: divergences sur le programme d'enseignement, refus de l'intrusion de l'Institut dans les analyses personnelles, conception non évaluative des contrôles, création des séminaires continus pouvant être dirigés par des non-didacticiens, et par dessus tout, création de la catégorie d'analystes habilités permettant à des non-didacticiens, après cinq ans de pratique de la psychanalyse, d'analyser des candidats, etc. Aujourd'hui encore, les structures de la SPM demeurent profondément marquées par les principes dégagés dans la foulée des influences provenant des groupes analytiques français et d'un atelier mis sur pied en février 1970 - «Situation actuelle de la psychanalyse», -par quatre membres ayant fait leur formation à Paris : Jean Bossé, Claude Brodeur, Roger Dufresne et Jean-Louis Saucier. Tous les deux mercredis, ils réfléchissaient sur la nature du processus analytique, les rapports entre psychanalyse et société, psychanalyse et médecine, psychanalyse et institutions psychanalytiques, gratuité et tiers payant, l'analyse didactique ou personnelle, les séminaires didactiques ou continus et la supervision comme évaluation ou assistance. Mentionnons également le premier congrès scientifique annuel de la section française, en juin 1970, qui porta sur la transmission de la psychanalyse.

À peine fondée, la SPM se vit confrontée à d'importants défis, en particulier celui lié à l'établissement du régime d'Assurance-maladie du Québec. Les psychanalystes médecins du Québec durent alors se prononcer sur le caractère médical ou non médical de la psychanalyse. Les remises en question se sont ensuite étendues aux rapports Société-Institut, au mode de formation selon le modèle anglo-saxon - si différent des modèles qui prévalaient à Paris - et à l'aspect centralisateur de la Société canadienne. En 1997, chaque section de la SCP obtint son autonomie administrative et financière, ce qui permettra à la SPM de poursuivre son développement selon un modèle qui lui est propre.

Comment caractériser la Société psychanalytique de Montréal? Avant tout par la diversité des influences et la prévalence de la pensée psychanalytique française. Lors de sa fondation en 1969, la SPM comptait 29 membres dont 13 formés à Paris, 3 aux Etats-Unis, 1 à Londres et 12 à Montréal. En second lieu, la SPM se distingue par son choix de formation ouverte. En tant que société de psychanalyse française nord-américaine, la SPM constitue un point de convergence entre les influences européennes et américaines. Trente ans après sa fondation, le nombre de membres de la SPM aura plus que quadruplé. La Société se réjouit d'avoir ouvert ses portes aux non-médecins, ce qui lui aura permis de s'enrichir de points de vue provenant de disciplines connexes et par voie de conséquence de mieux définir la nature spécifique de la psychanalyse. Toutefois, le désir d'assurer une présence analytique dans les principales régions du Québec ne s'est pas encore concrétisé, à ce jour, en dehors de Montréal et de Québec.

Aujourd'hui la SPM  assure une certaine  présence sociale entre autres par ses  Conférences publiques, les Tables rondes Julien-Bigras, les journées Portes ouvertes, la mise sur pied du Centre de consultation de la SPM, l'ouverture de nombreux congrès de la SPM à des non-membres, l'ouverture de ses réunions scientifiques à un certain nombre d'invités et aussi par la mise sur pied de séminaires d'introduction pour de jeunes professionnels.